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Criquet pèlerin
Criquet migrateur
Criquet nomade /
Criquet rouge
Criquet arboricole
 
Criquet sénégalais

Les criquets ravageurs

Schistocerca gregaria (Forskål, 1775)

Famille : Acrididae

Sous-famille : Cyrtacanthacridinae

Nom commun : le Criquet pèlerin

Acridien de grande taille, le Criquet pèlerin est un locuste redouté, très largement répandu dans le monde. En période d'invasion les essaims peuvent atteindre le sud de l'Europe, l'Afrique au nord de l'équateur et la péninsule Arabique et Indo-Pakistanaise.

En période de rémission, les populations solitaires se réfugient dans les zones grégarigènes suivantes :
  • la frontière indo-pakistanaise où les systèmes de vents favorisent des concentrations importantes de populations ;
  • les bords de la mer Rouge et du golfe d'Aden où le régime des pluies peut fournir des conditions compatibles à la reproduction tout au long de l'année ;
  • la bordure de certains massifs montagneux où les phénomènes d'écoulement favorisent la création de sites favorables (massifs du Sahara central et méridional, bordure sud de l'Atlas, bordure occidentale des montagnes de l'Oman, vallées du Mekran au Pakistan et en Iran).

Toutes ces zones reçoivent entre 50 et 300 mm de pluie par an.

Le Criquet pèlerin, inoffensif pour les cultures dans sa forme solitaire, peut être redoutable dans sa forme grégaire à cause de sa voracité, de la mobilité de ses populations, de l'immensité des zones concernées, du nombre considérable d'individus constituant un essaim. Le seuil densitaire au delà duquel s'effectue la transformation phasaire est de 250 à 500 ailés/ha et de 0,5 à 5 larves/m2.

Les ailés solitaires se distinguent des grégaires par une plus grande différence de taille entre mâle et femelle. Leur couleur générale est brune, grise ou beige, jamais verte. Seuls les mâles jaunissent faiblement à la maturation sexuelle. Au contraire, les grégaires sont d'abord roses quand ils sont immatures, puis franchement jaunes au moment de la reproduction. Les larves solitaires sont vertes ou brunes et se développent en 5 ou 6 stades tandis que les grégaires, qui n'effectuent que 5 stades, sont uniformément jaunes avec de très fortes maculatures (taches) noires. Le Criquet pèlerin développe 2 à 3 générations par an avec un arrêt de développement facultatif à l'état imaginal pendant les périodes sèches ; les individus restent immatures et la reproduction est suspendue parfois pendant plusieurs mois. Une femelle pond 2 à 3 fois plus d'œufs si c'est une grégaire. L'incubation dure une dizaine de jours à 2 mois selon la température et l'humidité du sol. Globalement, une génération de Criquet pèlerin solitaire ou grégaire dure de 2 à 6 mois.

Les solitaires se reproduisent dans une aire limitée en zone désertique alors que les grégaires, à cause de leurs exigences écologiques moins strictes, colonisent des milieux moins xérotrophes sur des surfaces beaucoup plus considérables.

Cette espèce se rencontre principalement dans des milieux secs avec des pseudo-steppes à Panicum turgidum et Acacia ehrenbergiana ou des formations éphémères à Tribulus mollis et Shouwia thebaica. Les zones où se réalise l'optimum pluviométrique du Criquet pèlerin se situe entre 25 et 50 mm d'eau par mois. Pour rejoindre les zones grégarigènes réactivées par les pluies, les solitaires volent de nuit, par temps calme, quand la température de l'air dépasse 25°C. Ils peuvent alors être capturés aux lumières. Inversement, les essaims volent de jour ce qui leur permet de bénéficier des courants ascendants et franchir des barrières orographiques, les amenant à coloniser des stations distantes de milliers de kilomètres. Le schéma des migrations saisonnières des grégaires est assez bien connu. L'existence d'aires grégarigènes et la succession de périodes d'invasion et de rémission permet d'envisager, contre le Criquet pèlerin, une lutte préventive dont le but est de prévenir tout départ d'invasion, puisque l'on sait qu'une fois déclenchée celle-ci est très difficile à arrêter, même avec des opérations intensives de lutte curative avec de surcroît pour l'environnement des risques considérables des traitements acridicides compte tenu des surfaces concernées.

La stratégie de lutte préventive contre le Criquet pèlerin comporte trois étapes essentielles :
  • la surveillance des conditions écologiques dans les aires potentielles de reproduction et de grégarisation (données météorologiques, imagerie satellitaire, déductions des modèles bio-écologiques) ;
  • l'organisation de prospections, aériennes et terrestres, dans les aires devenues potentiellement favorables à la suite de précipitations abondantes ;
  • la lutte contre toutes les populations de Criquet pèlerin dépassant un certain seuil, principalement dans les biotopes réputés constituer des foyers grégarigènes.

Pour identifier avec certitude les imagos du Criquet pèlerin, on pourra se baser sur les critères suivants :

Morphologie générale

Taille : mâle 60 à 75 mm de long, femelle 70 à 90 mm.

Coloration générale du corps

En phase solitaire, les ailés sont de couleur paille, grise, ou beige. Avec l'âge, seuls les mâles matures présentent un léger jaunissement des ailes postérieures. Les larves solitaires sont en général vertes ou brunes, sans pigmentation noire.


En phase grégaire, les ailés possèdent une coloration qui change considérablement avec l'âge. Les jeunes immatures sont d'une teinte générale rosée. Si l'immaturité persiste (quiescence imaginale) du fait de conditions défavorables à la reproduction (absence de pluies et/ou températures trop basses), les imagos deviennent progressivement rouge foncé voire brun. On peut le constater sur des populations de saison fraîche, en quiescence, en zone méditerranéenne.

Lorsque les conditions écologiques deviennent favorables à la reproduction, la maturation sexuelle s'amorce. Les individus prennent progressivement une teinte jaune vif très caractéristique. Pendant quelque temps les populations peuvent être constituées d'un mélange d'individus rouges et jaunes.

Les larves grégaires sont d'une couleur très typique, à base de jaune et de noir. L'importance de la pigmentation noire dépend du degré de "grégarisme" des individus et constitue ce que l'on appelle la "maculature". Les populations dites transiens, intermédiaires entre les solitaires et les grégaires, ont une maculature peu développée, alors qu'elle est très importante chez les populations grégaires type.

Coloration des ailes

Transparentes, jaune pâle, rosâtres ou rougeâtres. Jamais de tache ou de croissant brun ou noirâtre.

Forme des cerques du mâle

Carrée, très caractéristique qui permet de bien les distinguer des mâles d'Anacridium spp., chez lesquels ces cerques sont coniques et pointus à l'extrémité.



Tubercule prosternal

Visible, placé sur la face ventrale, entre la base des pattes antérieures ; présent chez le Criquet pèlerin, le Criquet rouge et les Criquets arboricoles ; absent chez le Criquet migrateur et le Criquet sénégalais.

Les larves du Criquet pèlerin peuvent être confondues en particulier avec celles des espèces d'Anacridium. Ces dernières présentent sur la partie postérieure du pronotum un grand nombre de petits tubercules blancs très caractéristiques.

Les larves solitaires sont généralement vertes, à tous les stades de leur développement, sans aucune tache noire. Des formes brunes existent mais sont plus rares. Les larves grégaires sont jaunes, maculées de noir.