Biologie

2.  L'ŒUF

Morphologie d'un œuf de Dociostaurus maroccanus (d'après G. JANNONE, 1939).

A : vue latérale, B : pôle antérieur, C : pôle postérieur ou pôle animal.

a : pôle antérieur, ca : ouverture des pseudo-canaux aérifères, h : zone hydropylaire, m : zone micropylaire, p : pôle postérieur, sa : surface du pôle antérieur, v : face ventrale (concave), d : face dorsale.

Les œufs ont généralement une forme allongée, légèrement oblongue, une couleur blanchâtre ou jaune clair. Leur taille varie en longueur de quelques millimètres à un centimètre environ. L'enveloppe externe de l'œuf ou chorion, porte des micro-ornementations.

L'œuf passe par différents stades :
  – peu de temps après la ponte, il s'hydrate, augmente de taille et devient turgescent. Le développement embryonnaire commence avec la différenciation de l'embryon près du pôle postérieur de l'œuf, sur la face concave. Cet embryon est appelé bandelette germinative dans ses premiers stades. Elle correspond d'abord à la future tête de l'embryon puis elle s'étend vers le pôle antérieur, en se segmentant, pour former progressivement le thorax et l'abdomen. La bandelette achevée se trouve sur la face ventrale de l'œuf, la tête au pôle postérieur. Ce premier mouvement est l'ANATREPSIS.
  – puis l'embryon accomplit un glissement progressif sur le pôle postérieur de l'œuf, ce qui le ramène sur la face dorsale, la tête tournée vers l'avant : il s'agit de la CATATREPSIS.
  – c'est seulement lorsque ce deuxième mouvement est accompli que s'effectue la fermeture dorsale de l'embryon. Ensuite, ce dernier réalise un mouvement de rotation de 180° autour de son axe longitudinal.

L'ensemble de ces mouvements de l'embryon dans l'œuf constituent la blastocinèse.

Principaux stades du développement embryonnaire chez Schistocerca gregaria (d'après A. SHULOV & M.P. PENER, 1963).

1-23 : stades embryonnaires (vues ventrales à l'exception des stades 15 à 18 qui sont representés en vue latérale). Le trait représente 1 mm.
1-14 : anatrepsis.
15-18 : retournement embryonnaire.
19-23 : catatrepsis.

1 : petit amas cellulaire au pôle postérieur de l'œuf, 2 : différentiation d'une partie postérieure et d'une partie antérieure, 3 : allongement de la partie postérieure, 4-5 : segmentation des rudiments d'antennes et différentiation du labre, apparition des rudiments de pièces buccales : mandibules, maxilles et labium, segmentation du thorax, 6-7 : segmentation de l'abdomen, 8-9 : segmentation des appendices des pièces buccales, formation d'un sillon le long du thorax et de l'abdomen, 10 : rudiments de pattes tournés vers l'intérieur, encoche sur le bord postérieur du labre, 11-14 : poursuite de la différentiation des appendices thoraciques, 15 : début du retournement embryonnaire, 16-17 : poursuite du retournement embryonnaire, 18 : fin du retournement embryonnaire, l'embryon occupe la moitié de l'œuf, 19 : l'embryon occupe les trois-quarts de l'œuf, 20 : la tête de l'embryon atteint le bord antérieur de l'œuf, début de pigmentation des yeux composés, 21 : apparition d'épines sur le bord du tibia postérieur et de dents sur les mandibules, 22 : les dents des mandibules deviennent plus sombres que le reste du tégument, 23 : les yeux composés sont complètement pigmentés, les épines des tibias postérieurs sont bien pigmentées, l'embryon est prêt à éclore.

Deux étapes privilégiées d'arrêt de développement existent : l'une en fin d'ANATREPSIS, l'autre juste avant l'éclosion. Le premier arrêt est en général plus durable que le second.

Le temps de développement varie beaucoup en fonction des espèces et des conditions d'incubation. Il est de 18 jours à 27°C et de 10 jours à 33°C chez Locusta migratoria. Il dépasse 6 mois chez Kraussaria angulifera en saison sèche et pourrait même durer plus d'un an chez certains acridiens en l'absence de pluies.

L'éclosion se produit en fin de développement. L'embryon gonfle deux ampoules situées sur l'arrière du cou qui pulsent et rompent le chorion. La larve se dégage par secousses. À ce moment, elle est encore enveloppée d'une cuticule avec de fines ornementations en écailles qui facilitent la reptation jusqu'à la surface du sol. La larve se débarrasse rapidement de cette peau au cours d'une mue intermédiaire, libérant ainsi ses appendices.