Écologie

3.  LA DISTRIBUTION DES ESPÈCES

L'étude de la distribution des espèces et plus généralement des TAXONS fait l'objet d'une science : la chorologie. L'aire de répartition d'un acridien correspond au recensement de tous les biotopes régulièrement occupés.

L'existence de limites à l'aire de répartition est liée à deux causes essentielles :
  – l'une est d'ordre écologique : les caractères du milieu doivent être compatibles avec le tempérament écologique.
  – l'autre est d'ordre historique en rapport avec la dissémination des TAXONS : il ne suffit pas qu'un milieu soit propice à une espèce pour qu'elle y soit présente, encore faut-il que celle-ci ait eu la possibilité de le coloniser. Lorsqu'un biotope nouveau est occupé avec succès, on parle d'acclimatation.

Les facteurs intervenant dans les limites de la distribution d'une espèce ne sont pas forcément les mêmes en tous lieux. Locusta migratoria se trouvent limité dans son expansion au Sahel vers le sud par des facteurs thermiques, vers le nord par des facteurs hydriques.

Distribution comparée des imagos de trois espèces d'Acrotylus communes dans la zone centrale du Niger.

Les prospections ont été effectuées en septembre 1976. Acrotylus blondeli blondeli occupe alors la moitié sud de l'aire prospectée ; A. longipes incarnatus est abondant dans la moitié nord. A. patruelis possède une répartition discontinue et se rencontre dans les milieux humides méridionaux et septentrionaux. A. blondeli et A. longipes apparaissent comme deux espèces vicariantes.

Une aire de répartition est rarement occupée d'une facon uniforme car les biotopes favorables ne sont pas eux-mêmes contigus. S'ils sont dispersés régulièrement dans l'espace, on peut parler d'aire continue. Dans le cas contraire, la distribution est dite contagieuse, irrégulière, et l'aire est qualifiée de discontinue, voire d'aire relique, si on se trouve face aux vestiges d'une aire ancienne plus vaste.

Certaines espèces sont confinées à des aires restreintes, isolées géographiquement. On les qualifie d'endémiques.

Il arrive que des populations isolées d'une même espèce puissent occuper des niches écologiques semblables dans des biocénoses différentes. Elles n'ont pas évolué suffisamment pour être séparées des autres représentants de l'espèce par une barrière de reproduction mais sont assez distinctes pour être qualifiées de sous-espèces.

Le cas des espèces rares mérite d'être mentionné car celles-ci appartiennent à deux groupes différents :
  – Les espèces qui ont des exigences écologiques très particulières, par exemple si elles sont inféodées à une plante précise. Ces espèces se trouvent alors dans des biotopes de surface limitée.
  – Les espèces ubiquistes, tolérantes quant à leurs conditions ambiantes de vie mais douées d'un faible potentiel biotique. Même si des surfaces étendues sont occupées, les densités des populations sont toujours faibles.

Aire de distribution d'Oedaleus senegalensis en Afrique de l'Ouest (d'après M. LAUNOIS, 1976a).

Les trois aires de multiplication (initiale, transitoire et septentrionale) qui composent l'aire de distribution de l'espèce sont exploitées en complémentarité par les populations d'Oedaleus qui se déplacent de l'une à l'autre en fonction de l'évolution saisonnière des conditions écologiques.

Les incursions vers le nord de l'aire initiale de multiplication correspondent respectivement à la cuvette lacustre du Niger au Mali et à la zone d'inondation du bassin tchadien.

Les courbes correspondent aux isohyètes annuelles en millimètres d'eau.