L'importance économique du fléau acridien

2.  L'INFLUENCE DE L'HOMME SUR LES PULLULATIONS D'ACRIDIENS

On a longtemps cru que les locustes et les sauteriaux constituaient un danger uniquement dans les pays où l'agriculture est peu développée et que les invasions deviendraient de moins en moins sévères à mesure de l'expansion agro-économique des régions.

L'activité humaine récente a au contraire influé sur la multiplication, l'éclatement et la création de nouvelles zones grégarigènes. Par exemple :
  – la reproduction des essaims du Criquet migrateur oriental à Bornéo et en Malaisie n'aurait pas été possible si des formations herbacées secondaires n'avaient pas été créées par l'homme à la suite de déboisements intensifs,
  – les invasions du Criquet marocain à Chypre sont étroitement liées au surpâturage des pentes montagneuses,
  – l'existence de l'aire grégarigène du Criquet pèlerin sur les côtes de la mer Rouge semble être en rapport avec les cultures traditionnelles dépendantes des pluies et des inondations.

L'importance économique de ces ravageurs est de plus en plus sensible du fait qu'une quantité de plus en plus grande de récoltes de valeur croissante est exposée. Les parcelles cultivées traditionnellement par les paysans sont dispersées au milieu de la végétation naturelle, ont moins de chances d'être repérées par les essaims et les éventuels dégâts restent localisés. Par contre, dans les grandes exploitations agro-industrielles, le système cultural augmente leur vulnérabilité.

Dans les zones arides, les "ilôts de verdure", cultivés dans le désert sont autant de pièges très attractifs pour les acridiens migrants qui y trouvent des conditions physiques et trophiques exceptionnellement favorables à leur survie et à leur multiplication.

La plupart des pullulations récentes en zone tropicale sèche ont pour origine le développement spectaculaire des zones d'aménagements hydro-agricoles des grands fleuves ou des lacs.

Le nom de "Criquet de l'homme", donné au Criquet marocain dans les pays d'Afrique du Nord pourrait fort bien s'appliquer à la plupart des locustes et des sauteriaux si l'homme ne réalise pas que la mise en valeur des terres à des conséquences inévitables, à moyen et long termes, sur la dynamique des pullulations acridiennes et qu'il risque d'en être la première victime.