Le polymorphisme phasaire

2.  LES LOCUSTES ET LES SAUTERIAUX

Parmi les milliers d'espèces d'acridiens de la zone tropicale sèche, en Afrique, en Asie, en Australie et en Amérique du Sud, beaucoup peuvent pulluler dans des conditions d'environnement favorables mais seul un petit nombre d'entre elles sont capables de présenter une transformation phasaire complète : ce sont les locustes.

Treize espèces sont bien connues sur ce plan :
  – Anacridium melanorhodon,
  – Anacridium wernerellum,
  – Calliptamus italicus,
  – Chortoicetes terminifera,
  – Dociostaurus maroccanus, le Criquet marocain,
  – Locusta migratoria, le Criquet migrateur,
  – Locustana pardalina,
  – Melanoplus spretus,
  – Nomadacris septemfasciata,
  – Patanga succinta,
  – Schistocerca americana americana,
  – Schistocerca americana paranensis,
  – Schistocerca gregaria, le Criquet pèlerin.

La sensibilité phasaire est variable, selon les espèces, le sexe, les antécédents de vie, les conditions de groupement ou d'isolement. Les premières manifestations de grégarisation sont observées chez Schistocerca gregaria à partir d'une densité de 500 ailés par hectare, alors que des modifications comparables chez Locusta migratoria ne se manifestent qu 'à partir de 2000 ailés par hectare.

D'autres espèces sont incapables de présenter des modifications phasaires aussi importantes, bien que certaines réagissent aux effets du groupement par de légères modifications morphologiques, pigmentaires, comportementales. Ce sont des sauteriaux :
  – Anacridium aegyptium,
  – Eyprepocnemis noxia,
  – Eyprepocnemis plorans,
  – Gastrimargus musicus,
  – Oedaleus senegalensis, le Criquet sénégalais,
  – Phymateus madegassus,
  – Zonocerus variegatus, le Criquet puant.

Comparaison du comportement grégaire entre différentes espèces de locustes et de sauteriaux (d'après P. ELLIS, 1962 in R.F. CHAPMAN, 1976).

Trente criquets sont introduits dans une cage. Le pourcentage d'insectes qui se sont regroupés par paire ou plus, est noté après 30 minutes. La ligne horizontale indique le niveau théorique du pourcentage d'individus groupes si ces derniers se distribuent au hasard dans la cage. En noir : insectes élevés groupés, en blanc : insectes élevés isolément.

La plupart des sauteriaux se montrent peu ou pas sensibles à la densité, si les réserves alimentaires ne s'en trouvent pas affectées. Par contre, ils réagissent à des effets de masse par réduction de la taille en cas de sous-alimentation. Ces effets ne sont pas à confondre avec ceux résultant du groupement.

À l'échelle de la communauté acridienne, le nombre d'espèces grégariaptes est restreint (1 %) et ce sont parmi elles que l'on compte les ravageurs les plus dangereux ou les mieux connus.