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Criquet sénégalais

Les criquets ravageurs

Oedaleus senegalensis (Krauss, 1877)

Famille : Acrididae

Sous-famille : Oedipodinae

Nom commun : le Criquet sénégalais

Oedaleus senegalensis est très largement répandu en Afrique dans les régions sahélienne et nord-soudanienne, des îles du Cap-Vert à la Corne de l'Afrique. Ailleurs, il est signalé en Arabie, en Inde, au Pakistan et au Moyen-Orient. Les années de très fortes pullulations, cet acridien non grégariapte (c'est un sauteriau) constitue des bandes larvaires et des essaims qui peuvent causer des dégâts assez considérables aux cultures céréalières des zones tropicales sèches.

C'est un criquet de taille moyenne, vert ou brun, reconnaissable généralement par la présence d'un dessin cruciforme sur le dessus du pronotum, des ailes postérieures jaunes à la base avec un croissant enfumé à son extrémité, à la couleur jaune de la face interne du fémur postérieur et du tibia. Il peut être confondu dans les milieux mésotrophes avec Oedaleus nigeriensis. Cette dernière espèce s'en distingue par un bord postérieur pronotal anguleux et non arrondi, des ailes jaunes vifs avec un croissant enfumé bien net et une teinte rouge orangé à la face interne du fémur postérieur et du tibia. Oedaleus senegalensis a un tempérament xéro-mésophile. Il recherche les steppes et les savanes installées sur sol sableux ou sablo-argileux avec des plages de sol nu.

Son régime alimentaire est typiquement graminivore. Cet acridien est capable d'effectuer des déplacements saisonniers de plusieurs centaines de kilomètres pour se maintenir dans des conditions favorables à son développement. Les vols s'effectuent à la tombée de la nuit, si la température est assez élevée, les captures aux lumières sont alors très nombreuses, indiquant l'importance du flux migratoire.

Pour Oedaleus senegalensis, les principaux facteurs de l'environnement ont pu être hiérarchisés et les seuils biologiquement significatifs définis :

•  la photopériode : le raccourcissement de la durée des jours (inférieur à 12 h) marquant l'entrée en saison sèche induisent les femelles à produire des œufs à diapause. En saison des pluies, le développement est continu mais reste sous la dépendance d'autres facteurs écologiques.

• la température : elle agit sur les vitesses de développement de l'œuf, de la larve et de l'imago :
  – moins de 22,5°C : pas de développement,
  – entre 22,5 et 27,5°C : la vitesse de développement dépend de la température,
  – plus de 27,5°C : la température n'est plus un facteur limitant.

• le facteur hydrique : exprimé par la pluviométrie moyenne mensuelle, il agit suivant quatre seuils biologiquement significatifs :
  – inférieur à 25 mm : trop sec,
  – de 25 à 50 mm : optimal,
  – de 50 à 100 mm : compatible,
  – au delà de 100 mm : trop humide.

En Afrique de l'Ouest, durant l'hivernage, le front intertropical effectue un mouvement de balance sud-nord et nord-sud et les conditions hydriques ne sont favorables que temporairement en une zone donnée, aussi les populations d'Oedaleus senegalensis se déplacent-elles selon un schéma régulier bien établi.

En saison des pluies, l'insecte développe 3 générations G1-G2-G3 qui se déroulent dans différentes zones écologiques. Si les conditions sont bonnes, une génération s'accomplit en 2 mois environ avec une incubation embryonnaire de 2-3 semaines, un développement larvaire de 3-4 semaines et une maturation ovocytaire de 2 semaines. Au Sahel, entre les 10e et 18e degrés de latitude nord, son aire de distribution a été partagée en trois aires écologiquement complémentaires, exploitée tour à tour par le Criquet sénégalais. Du sud au nord, on trouve :
  – l'aire de multiplication initiale AMI, comprise entre 750 et 1000 mm annuel ;
  – l'aire transitoire de multiplication ATM. comprise entre 500 et 750 mm annuel ;
  – l'aire septentrionale de multiplication ASM, comprise entre 250 et 506 mm annuel.

Avec le relèvement de la température et l'arrivée des premières pluies, les œufs en diapause de la G3 reprennent leur développement. Dans les zones des cultures, les éclosions G3 coïncident avec la levée et les germinations des céréales. Les années de pullulation, des bandes larvaires peuvent détruire les semis de mil et de sorgho au point qu'il faille ressemer à plusieurs reprises. Les larves, qui se développent en 5 stades, donneront des imagos G1 qui vont fuir cette aire devenue trop humide et gagner pour la plupart l'ATM et pondre. Les attaques sur le mil en feuillaison sont généralement sans grande importance sur la production des épis grâce à la bonne capacité de récupération de la plante à cet état phénologique. Les imagos G2 vont poursuivre la migration vers le nord, vers l'ASM, en quittant le Sahel des cultures pour le Sahel des pâturages. Les postes vont donner naissance aux larves G3. La compétition entre criquets et bétail pour les paturages peut exister mais elle est mal évaluée car la région est peu peuplée et les cultures rares. Dans l'ASM, en fin de saison des pluies, les milieux vont rapidement se dessécher et les ailés G3, aidés par le vent d'harmattan, seront entraînés en quelques jours vers l'ATM et l'AMI. À partir de septembre, les œufs produits sont à diapause. En fonction de la vitesse de recul du front intertropical, une partie des reproductrices va pondre dans l'ASM ou dans l'ATM mais c'est l'AMI qui va en recueillir la majorité. Les épis de mil achèvent leur maturation et les dégâts peuvent être alors considérables.

Les pullulations du Criquet sénégalais sont favorisées s'il y a synchronisation entre le développement des générations et la répartition des pluies. Les ensembles écologiquement complémentaires concernent deux ou trois pays qui doivent nécessairement coordonner et conjuguer leurs efforts de surveillance et de lutte pour un bénéfice mutuel. Les opérations de lutte ont lieu à deux périodes clés de l'année  : en début d'hivernage, sur les bandes larvaires menaçant les semis, puis en tout début de saison sèche, sur les populations d'ailés G3 pouvant s'attaquer aux épis de mil.

Chez cet acridien, la destruction des oothèques en saison sèche n'est pas rentable car il n'y a pas une concentration suffisante des pontes. Par contre, des récoltes d'oothèques selon un échantillonnage stratifié et une estimation du taux de parasitisme embryonnaire est utile pour déduire l'importance des prochaines populations larvaires. Ces campagnes de recherche d'oothèques servent à cerner les zones où se produiront le maximum d'éclosions à la saison des pluies suivante et permettent de placer à l'avance tout le dispositif de lutte aux endroits stratégiques.

Morphologie générale

Taille : mâle 23 à 35 mm de long, femelle 30 à 48 mm.

Coloration générale du corps

On notera l'existence de deux formes pigmentaires : l'une verte et l'autre brune. Les larves comme les imagos sont verts ou bruns. Oedaleus senegalensis ne présente pas de phénomène phasaire mais il est capable de pulluler et de constituer des bandes larvaires et des essaims lâches. En cas de très forte densité, on constate un changement progressif de la coloration verte ou brune vers un noircissement, en particulier au niveau des ébauches alaires et de la face externe des fémurs postérieurs.

Coloration des ailes

Jaunâtres à la base avec un croissant brun.

Absence de tubercule prosternal