Dynamique des populations
La dynamique des population ou démécologie est l'étude de la structure des populations, de leurs effectifs, de leurs fluctuations et la recherche des causes des modifications d'abondance.
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1. LES POPULATIONS ET LEUR POTENTIEL BIOTIQUE
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Dynamique du Criquet migrateur Locusta migratoria capito, sur une station de son aire de grégarisation dans le Sud-Ouest de Madagascar, de 1964 à 1973 (d'après M. LECOQ, 1975).
L'abondance de la population imaginale est indiquée en ordonnée (indice d'abondance aux pas de 0 à 100) et la date (années et mois) en abscisse.
1, 1', 2, 3, 4 : générations successives, G : grégarisation (bandes larvaires ou essaims), les flèches indiquent les principaux apports de populations allochtones en début de saison des pluies, le trait noir horizontal souligne la saison des pluies.
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Les trois clés de toute étude complète de dynamique des populations.
Natalité, mortalité et dispersion constituent les trois éléments clés influant sur les effectifs des organismes dans un site donné. Ces trois éléments sont à étudier et à quantifier avec le plus grand soin dans toute étude de dynamique des populations. La natalité et la dispersion sont généralement plus accessibles que l'appréciation de la mortalité.
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Une population est formée par l'ensemble des individus d'une même espèce occupant un espace précis à un moment
donné. Un peuplement désigne la totalité des individus de différentes espèces cohabitant en un lieu déterminé. Ces deux termes ne sont donc pas équivalents.
En raison de la diversité des conditions de milieu et des exigences écologiques spécifiques à chaque espèce, les biotopes occupés par les acridiens sont souvent éloignés les uns des autres. Chaque milieu favorable colonisé par une espèce contient une population d'individus. Ces
populations forment des unités propres, par leur structure et leur fonctionnement et sont donc
douées de caractéristiques particulières. Elles ne peuvent être décrites par la seule juxtaposition des individus.
En dynamique des populations, trois composantes sont examinées successivement : la natalité, la mortalité et la dispersion.
La dynamique réelle locale découle du bilan entre les gains et les pertes de populations. C'est un équilibre entre le potentiel biotique (capacité à survivre et à se reproduire) de l'espèce et
l'influence des facteurs écologiques. On peut l'évaluer en tenant compte :
– du nombre de jeunes produits à chaque génération,
– du nombre de générations en un temps donné,
– du rapport du nombre de mâles au nombre de femelles (sex-ratio),
– de l'aptitude générale à subsister dans des conditions d'environnement définies.
Évolution d'une population du Criquet migrateur Locusta migratoria capito, sur une station du Sud-Ouest malgache (Betindria) en 1972-1973 (d'après M. LECOQ, 1975).
Cadre supérieur : surface noircie : densités de jeunes imagos à téguments mous, surface tramée : densités (d) d'imagos toutes
classes confondues par hectare, histogramme : pluviométrie (p) en millimètres, flèches blanches : apports d'imagos allochtones, flèches noires : départs d'imagos.
Cadre inférieur : M : mue imaginale, m : jeunes femelles à téguments mous, d : femelles n'ayant pas pondu à téguments durs, o : femelles présentant des œufs chorionnés dans les ovaires, P1-P3 : 1re, 2e et 3e ponte, v : femelles présentant des ovocytes en vitellogenèse, I-V : stades larvaires. 0,25 mm2 représente un individu capturé et les traits verticaux sous l'axe des abscisses indiquent les dates de prospection.
La vitesse d'accroissement ou de déclin d'une population dépend de la différence entre les taux de natalité et de mortalité, ainsi que des gains et des pertes d'effectifs dus aux migrations. Le taux réel de multiplication sur le terrain est inférieur au potentiel biotique dans la très grande majorité des cas car il est modulé par l'ambiance abiotique et biotique plus ou moins favorable dans laquelle vit l'acridien.
Différence entre le potentiel théorique et le potentiel réel de multiplication du Criquet migrateur Locusta migratoria.
Le potentiel théorique de multiplication du Criquet migrateur est considérable. En effet, chaque femelle peut pondre en phase solitaire une centaine d'œufs à chacune de ses 20 pontes, ce qui, en faisant abstraction de la mortalité et de la dispersion et en supposant une sex-ratio de 50 %, assurerait une descendance à partir d'un couple de 1000 femelles en une génération. En réalité, un taux de multiplication d'une génération à la suivante de 5 à 10 est déjà exceptionnel.
Le cas d'une femelle pondant 3 fois une centaine d'œufs est pris en exemple en comparaison d'un cas réel observé à Madagascar où la performance génésique plus modeste (les 3 pontes ne font respectivement que 60, 49 et 40 œufs) et la mortalité réduisent considérablement l'expression du potentiel biotique. Dans le cas théorique sans mortalité, on obtient 150 femelles ; dans le cas réel, une seule.
P1-P3 : pontes successives de la femelle parentale, E1-E3 : éclosions successives, A1-A3 : apparition des ailés de la génération fille.
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