Écologie
6. L'ACTION DE LA TEMPÉRATURE
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Action de la température sur l'attitude au repos de Schistocerca gregaria (modifié d'après Z. WALOFF, 1963).
A : position blottie, lorsque le sol est plus chaud que l'air ambiant, B : position semi-surélevée, lorsque le sol commence à devenir trop chaud C : position surélevée, lorsque le sol exposé au soleil est vraiment trop chaud pour l'acridien.
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Les acridiens sont pœkilothermes, leur température corporelle est variable. Les possibilités de régulation sont faibles, bien que leur température interne puisse, par insolation directe, dépasser de 10° à 15°C la température externe.
Les acridiens parviennent à limiter les variations de température interne grâce à des adaptations comportementales :
– recherche d'un abri dans les fentes du sol, à l'ombre des arbres, dans les touffes de végétation,
– utilisation sélective des plages d'ombre et de soleil,
– changement d'orientation du corps par rapport aux rayons incidents du soleil, agitation des ailes sur place,
– mouvements musculaires ou respiratoires spéciaux.
La température module l'activité générale, la vitesse de développement et le taux de mortalité. Son action finale porte sur la distribution géographique des espèces. C'est un facteur discriminant majeur, car tant qu'elle n'a pas atteint un seuil minimal, l'insecte ne peut réagir aux autres facteurs de son environnement.
Les acridiens présentent un thermotropisme positif, c'est-à-dire qu'ils recherchent des températures assez élevées, mais cette tendance peut s'inverser au-dessus d'un certain niveau qui varie d'une espèce à l'autre.
Un optimum thermique, propre à chaque acridien, est fonction de l'âge et du sexe. Il peut varier selon le type d'activité : marche, vol, alimentation, accouplement, ponte.
Influence de la température d'incubation des œufs sur le temps de développement embryonnaire de Schistocerca gregaria (d'après P. HUNTERJONES, 1964).
Tout au long de la courbe donnant la durée de développement embryonnaire sont indiqués, pour chaque
température, les pourcentages d'éclosions. On constate l'existence d'un optimum (plus de 40 % d'éclosions) entre 33° et 37°C.
On peut évaluer la température à l'aide d'une échelle codée de 0 à 10. Du froid au chaud :
– 0 : acridien complètement immobile, victime d'un excès de froid,
– 1 : mouvements spasmodiques des antennes, des palpes maxillaires et labiaux, des pièces buccales, puis des pattes,
– 2 : acridien en station debout, avec les pattes encore en extension, marche hésitante,
– 3 : marche interrompue par de longues pauses, activité alimentaire faible,
– 4 : mouvements de marche, sauts courts, alimentation ralentie,
– 5 : activités normales avec mouvements accélérés,
– 6 : nervosité apparente, cessation de prise de nourriture, tendance à l'agrégation, nettoyage des antennes,
– 7 : excitation, déplacements continus, sauts fréquents chez les larves, ailes agitées chez les adultes,
– 8 : activité ralentie par l'excès de chaleur, déplacements interrompus, longues haltes, jeûne,
– 9 : paralysie par la chaleur, baisse du tonus du corps, mouvements désordonnés des pattes et des antennes,
– 10 : immobilité complète par la chaleur puis mort.
Schistocerca gregaria a une activité normale (4-5) à partir de 23°C. Son excitation devient forte (6) à 33°C. Les sauts sont plus longs, la marche est plus rapide, les prises de nourriture plus fréquentes et de plus longue durée, le transit intestinal plus court. Au-dessus de 43°C, il montre de la gêne (7) et commence à se paralyser (8-10) à 50°C. La mort survient à 51°C.
L'optimum thermique varie de 30,5°C chez les larves à 39°C chez les ailés, sauf en période de ponte où il n'est que de 29,5°C.
Influence de la température sur la durée de développement larvaire de Schistocerca gregaria (d'après B.A.C. DUDLEY, 1961).
La durée de développement est d'autant plus courte que la température est élevée (20°-35°C). La mortalité des larves décroît entre 35° et 40°C, la durée de développement ne varie plus car les conditions thermiques sont optimales. Au-delà de 40°C, la durée de développement augmente ainsi que la mortalité, ce qui montre que cette température est sub-létale.
Les limites entre lesquelles les acridiens peuvent rester actifs sont assez étendues. Locusta migratoria entre en état de torpeur en dessous de 10°C et au-dessus de 40°C mais il peut supporter pendant quelques instants des températures très basses allant jusqu'à -6° ou -7°C.
L'action de la température sur la croissance et le développement est très importante.
La durée d'incubation des œufs sans diapause est très affectée par la température du sol, si l'humidité édaphique est suffisante. On définit un seuil minimal d'incubation en deçà duquel le développement embryonnaire est suspendu, et un seuil maximal au-dessus duquel les embryons meurent. Sur les œufs à diapause, la reprise de développement est généralement induite par une exposition à basse température.
Chez la larve, la température influe sur la vitesse et la réussite du développement. Un optimum thermique existe toujours, il coïncide en général avec les développements rapides compatibles avec une faible mortalité.
Chez l'ailé, la température agit sur la vitesse de maturation sexuelle, le rythme de ponte, le rendement ovarien, la longévité.
Dans le cas des espèces grégariaptes, la température a généralement des effets différents selon qu'elle agit sur la phase solitaire ou sur la phase grégaire, ce qui est à mettre sur le compte de physiologies particulières et de comportements adaptatifs non ressemblants.
Influence de la température sur l'activité locomotrice des imagos de Locusta migratoria capito (d'après M. LAUNOIS, J.R. LE BERRE & M. LECOQ, 1976).
L'activité locomotrice est exprimée en unités d'activité, chacune représentant le déplacement de l'imago d'une extrémité à l'autre de la cage de l'actographe.
Chaque point figure l'activité locomotrice moyenne d'un individu pendant une heure de la journée (les valeurs nulles ne sont pas représentées).
Dans les conditions d'observation, l'activité locomotrice est d'autant plus forte que la température est élevée. Le seuil thermique d'activité est de l'ordre de 17°C a l'ombre.
Les préférences thermiques des différents stades de chaque espèce doivent être évaluées et par la vitesse de développement ou de croissance et par le taux de survie, de facon à exclure les cas où une vitesse élevée de développement est atteinte au prix d'une forte mortalité, ce qui est fréquent lorsque l'optimum thermique est dépassé.
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