Éthologie
3. LA PRODUCTION DES SONS
Selon le mécanisme d'émission des sons, on distingue chez les Orthoptères trois catégories :
– les non-stridulateurs font du bruit en expulsant du liquide ou de l'air,
– les pseudo-stridulateurs se servent de leurs tarses postérieurs ou de leur abdomen pour produire des sons en les percutant contre le substrat,
– les eu-stridulateurs procèdent par choc ou par friction d'une partie du corps sur une autre ou par vibration.
Des sons peuvent être émis dans la région de la tête par les antennes, les maxilles et les mandibules, dans le thorax par le PRONOTUM, le METANOTUM et les coxosternites, dans la région de l'abdomen ou encore par les élytres, les ailes postérieures, les pattes moyennes et postérieures.
Les eu-stridulateurs sont capables de produire des sons modulés par différents procédés :
– la stridulation abdominale, chez certaines espèces comme Prionotropis hystrix, Trachypetrella, Pneumora, est possible par le frottement des fémurs postérieurs sur une plaque rugueuse en forme d'écusson strié placée sur les côtés du 2e tergite abdominal,
– la stridulation en vol est obtenue soit par le frottement des nervures saillantes des ailes contre la face inférieure des élytres, soit par celui des tibias intermédiaires contre la face inférieure des ailes, soit encore par le plissement des ailes. On parle alors de vol stridulant dont sont coutumiers les Oedipodinae,
– la stridulation élytrale est la plus caractéristique. Elle résulte de la vibration des élytres engendrée par le frottement d'une nervure de la face interne du fémur postérieur contre les nervures saillantes de l'élytre. La modulation des sons se fait en fonction de la vitesse de déplacement des pattes. La crête stridulante peut être formée de soies articulées (Gomphocerinae) ou non (Truxalinae), ou peut être réduite à une simple ligne élevée. Dans ce cas, la nervure intercalaire de l'aire médiane des élytres peut être serrulée (Oedipodinae) ou non (Acridinae).
Variations de la fréquence, en hertz, des sons chez Locusta migratoria de Palavas selon le type de stridulation (d'après M.C. BUSNEL, 1953).
STRIDULATION DITE "INDIFFÉRENTE" |
Mâle non accouplé : |
limite inférieure |
4300 |
limite supérieure |
14000 |
amplitude maximum |
8000 |
Mâle accouplé : |
limite inférieure |
3800 |
limite supérieure |
12000 |
amplitude maximum |
8500 |
STRIDULATION DITE DE "DÉFENSE" |
Mâle non accouplé : |
limite inférieure |
4000 |
limite supérieure |
13000 |
amplitude maximum |
7000-9000 |
Mâle accouplé : |
limite inférieure |
2000-4000 |
limite supérieure |
11000-13000 |
amplitude maximum |
8000-10000 |
STRIDULATION DITE DE "WARNING" |
Mâle : |
limite inférieure |
3000-4000 |
limite supérieure |
10000-13000 |
amplitude maximum |
8000-9000 |
STRIDULATION DITE "DE REFUS D'ACCOUPLEMENT" DE LA FEMELLE |
Femelle non accouplée |
limite inférieure |
4000 |
limite supérieure |
12000 |
amplitude maximum |
6000-9000 (très variable) |
STRIDULATION DITE "D'ACCEPTATION D'ACCOUPLEMENT" DE LA FEMELLE |
Femelle accouplée |
limite inférieure |
500 |
limite supérieure |
7000 |
amplitude maximum |
45000 (très variable) |
On distingue à l'oreille, différents types de sons de signification variée :
– stridulation d'alerte,
– stridulation d'assaut,
– stridulation de cour,
– stridulation indifférente, ordinaire ou spontanée, sans signification particulière ou à signification encore inconnue,
– stridulation de rivalité.
Les mâles produisent des chants plus variés et d'intensité plus élevée que les femelles. Les deux sexes sont capables de communiquer par voie acoustique. Tous les sons significatifs, perceptibles ou non à l'oreille humaine, fournissent des informations sur les activités des congénères, leur localisation spatiale et leur état physiologique. |