Écologie
9. L'ACTION DES SUBSTANCES CHIMIQUES
Des substances chimiques diverses jouent un très grand rôle à tous les niveaux de la vie des acridiens. Elles déclenchent, entretiennent, ralentissent, inhibent, exacerbent, la croissance, le développement, les différentes séquences du comportement.
Deux catégories de substances sont à distinguer selon qu'elles sont fabriquées par l'insecte lui-même ou disponibles dans le milieu ambiant :
– les substances produites par l'acridien sont soit émises à l'extérieur du corps et contiennent des informations significatives pour les congénères, les parasites, les prédateurs, soit diffusées dans son organisme pour assurer le fonctionnement harmonieux des organes,
– les substances chimiques présentes dans le milieu externe sont extrêmement nombreuses. Chaque espèce d'acridien n'en perçoit que quelques-unes et n'y réagit qu'à des concentrations particulières. Pour les capter, l'insecte dispose de multiples récepteurs disséminés sur les antennes, les palpes, les tarses, les valves génitales et les cerques.
L'action des substances chimiques sur les acridiens est illustrée par trois exemples :
– la recherche et la sélection de la nourriture,
– le rapprochement des sexes,
– la ponte.
L'odeur de certains végétaux guide les acridiens en quête alimentaire. Au contact des plantes, les criquets procèdent d'abord à une analyse chimique des surfaces grâce à leurs antennes, leurs palpes labiaux et maxillaires, et leurs tarses ; puis, si l'examen est satisfaisant, ils effectuent une morsure d'essai pour identifier d'une manière plus précise la qualité de la nourriture. Ensuite, l'ingestion est déclenchée, entretenue ou suspendue en fonction des effets des substances libérées lors de la mastication des plantes. Ces trois étapes font intervenir des substances et des récepteurs différents.
Les substances chimiques favorisant la prise de nourriture sont appelées phagostimulantes ou appétissantes. Ce sont des phospholipides, des sucres, quelques amino-acides mais aussi l'eau si l'acridien est assoiffé.
Inversement, il existe des substances répulsives entraînant un refus de consommation ; la plus connue est l'azadirachtine contenue dans les feuilles de "neem", l'Azadirachta indica.
Le rapprochement des sexes est facilité par l'échange des messages chimiques odorants, les phéromones, perçus à très longue distance, soit pour signaler une présence, soit pour accélérer la maturation sexuelle. Certaines ont des vertus d'aphrodisiaques, d'autres de stimulations sexuelles. Les premières sont généralement émises par les acridiens mâles. Les femelles produisent des odeurs particulières au moment de leur maturation ovocytaire, elles sont alors activement recherchées par les mâles.
Certaines substances odorantes, perceptibles à l'odorat humain, seraient destinées à éloigner les prédateurs. Les Pyrgomorphidae ont des représentants de ce type : Zonocerus variegatus (le Criquet puant) et Phymateus saxosus (le Criquet des chiens).
Les femelles choisissent leur site de ponte après un examen préalable de la qualité de l'environnement et du sol. Des forages préliminaires renseignent sur la compacité, la teneur en eau, en sels, l'acidité du sol. L'analyse chimique du substrat grâce aux récepteurs abdominaux entre pour une part importante dans le choix du site. Les femelles peuvent être incitées à pondre là où d'autres pontes sont déjà déposées, des phéromones ou de fèces de congénères grégaires imprégnant le sable. Elles subissent aussi les effets attractifs ou répulsifs de certaines plantes. Le buisson aromatique du désert Commiphora myrrhae est connu pour accélérer le déclenchement de la vitellogenèse chez Schistocerca gregaria.
L'environnement des acridiens contient de plus en plus d'insecticides ou de résidus d'insecticides. Les insecticides ont quatre modes d'action possible : par contact, ingestion, inhalation ou déshydratation.
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